Denis est mort. La nouvelle terrible nous saisit au début de l’été 2000. Denis était un ami avec qui je partageais la passion de l’aventure et des voyages. Il avait
monté sa propre structure de production audiovisuelle et faisait partie de la jeune génération de la Société des explorateurs français, dont nous étions membres tous les deux. Quelques jours après sa
mort, Lucie, sa compagne, convia un groupe d’amis chez eux. À un moment de la soirée je me suis retrouvé seul avec elle. Nous échangions quelques mots tandis que son regard si intense me perçait ; je
la sentais embarrassée. D’une voix hésitante elle me confia alors soudain : « Denis est venu me voir… » Devant mon air intrigué, elle me révéla avoir vécu une expérience extrêmement
curieuse. « Hier soir, c’est la première fois que je me sentais de revenir passer la nuit chez nous depuis la mort de Denis. J’appréhendais de dormir dans notre chambre, seule… Je me suis
emmitouflée dans un vêtement à lui, et je me suis finalement allongé sur le lit. » Lucie me décrit ce moment si empli de tristesse où elle se couche et ferme les yeux. « Et soudain, j’ai
senti Denis me rejoindre. Il était là, contre moi, j’en suis absolument persuadée. Je sentais le poids sur le lit, une pression, comme celle d’un corps qui creuse le matelas à côté de moi. »
Tout en me livrant ce récit pour le moins étrange, Lucie guette ma réaction. Je la sens gênée. Elle m’assure qu’elle n’a pas rêvé ; elle ne dormait pas ! Je n’ai aucun doute sur sa sincérité mais en
même temps je ne sais trop quoi lui dire. C’est une fille solide, cartésienne et jamais elle n’irait inventer une chose pareille, mais une visite de Denis !?! Lucie est parfaitement saine d’esprit,
et c’est précisément parce qu’elle a les deux pieds sur terre qu’elle est à ce point déconcertée par cette expérience qui l’a manifestement submergée d’émotion. « Denis était là, il est venu me
réconforter. Il a senti que je n’en pouvais plus… et il est venu me dire qu’il serait là ! » Ce soir-là, Lucie avait besoin de confier le détail de cette nuit incroyable. Alors je l’ai écoutée.
Sans juger, et même si son récit semblait impossible, je sentais confusément au fond de moi qu’il s’était passé quelque chose. C’était la première fois que j’entendais une telle histoire. Moins d’un
an après le décès de Denis, mon frère Thomas meurt dans un accident alors que nous nous trouvons ensemble en Afghanistan. Ce drame amorce un tournant décisif dans ma vie. Les questions existentielles
que je me posais de temps à autre jusque-là deviennent dès lors primordiales.
La vie a-t-elle un sens ? Se poursuit-elle après la mort ?
À partir de ce moment, j’abandonne progressivement les sujets conventionnels sur lesquels je travaillais en tant que journaliste pour bientôt ne plus me consacrer
qu’exclusivement à mon enquête sur la vie après la mort. Rapidement, je commence à entendre des témoignages similaires à celui de Lucie. Ce qui lui est arrivé ne semble pas unique, loin de là. Les
récits identiques s’accumulent au fil de mes recherches et bientôt je dois faire le constat que de très nombreuses personnes expérimentent ce qui ressemble à des formes diverses de communication
spontanées après la mort d’un proche. Comme dans le cas de Lucie, ces expériences se produisent sans que les témoins ne les aient voulues ni cherchées. Ces récits ne vont cesser de me surprendre, de
m’émouvoir, de me stupéfier. Ils évoquent des sensations de présence, des signes de toutes natures et intensités, des visions, des messages télépathiques, des rêves, des apparitions, etc. et
s’avèrent bien plus fréquents que je ne l’imaginais. En effet, des millions de femmes, d’hommes et d’enfants à travers le monde font ce type d’expériences après le départ d’un proche. Un nom leur a
été donné. On parle de vécu subjectif de contact avec un défunt, dont l’acronyme est VSCD. Lorsqu’on se tourne vers la psychiatrie pour savoir s’il pourrait s’agir d’hallucinations, la réponse de
ceux qui travaillent avec des personnes en fin de vie ou sur l’accompagnement du deuil et qui ont étudié ces témoignages est formelle : il s’agit d’expériences très curieuses qui dépassent
manifestement notre compréhension, mais elles n’ont rien à voir avec des hallucinations.
Ces expériences se produisent dans près d’un deuil sur quatre en France. Rien que pour l’Hexagone, cela représente chaque année plus de cent cinquante mille personnes ! Vous, votre voisin, votre
conjoint, votre épouse, vos amis, vos enfants… Ces témoignages sont variés et si répandus qu’ils sont un rappel permanent, dans un monde qui a gommé le spirituel de sa définition si étriquée de la
réalité, que cette dimension existe bel et bien. Il va cependant me falloir des années avant de l’admettre. Mon refus initial de reconnaître ces expériences pour ce qu’elles sont, devient presque
irrationnel tant ces comptes rendus de communication après la mort ne constituent pas des anecdotes rares et suspectes, mais une réalité quotidienne et indiscutable vécue par tant de personnes. Notre
vision du monde est façonnée par notre éducation, et je me rends compte combien il est difficile de s’affranchir de ses préjugés, même quand les faits les contredisent. Et puis, notamment après la
mort de mon père, je vais vivre moi-même à plusieurs reprises des expériences curieuses, et cela va changer en profondeur ma façon de voir les choses. Devant l’accumulation de tant de témoignages,
parce qu’il est absurde de taire indéfiniment ce qui arrive à tant d’entre nous, j’ai voulu les explorer, les écouter et présenter les plus représentatifs dans un nouveau livre. Montrer, après
Le test, qui aborde la réalité de la communication médiumnique, que ces contacts par-delà la mort peuvent se produire sans intermédiaire. C’est comme cela qu’est né
Après… dont la rédaction m’a bouleversé. Car au-delà des récits les plus incroyables, j’ai été profondément ému par ce qui m’a été rapporté par des femmes et des hommes
témoins de l’incroyable. Ému, et également surpris.