Les recherches de Nassim Haramein intriguent un nombre grandissant de scientifiques. Un autodidacte inspiré peut-il faire bouger les
lignes ? Né à Genève en 1962, Nassim Haramein passe plus de 30 ans à étudier intensément les mathématiques et la physique, « jusqu’à 20h par jour », raconte-t-il. Libre des conditionnements
académiques, capable d’élaborer les démonstrations adéquates, il pose un regard décalé sur la science. Et ce qu’il présente au bout du compte n’est rien de moins qu’une théorie du champ unifié, une
théorie qui fait se rejoindre la relativité d’Einstein et la mécanique quantique. Autant dire, le Graal recherché par les physiciens.
Contestée, cette proposition – initialement élaborée en collaboration avec la physicienne Elizabeth Rauscher et relayée dans certaines revues scientifiques à comité de lecture -, fait tout de même
parler d’elle. Car en réintroduisant la géométrie à l’échelle de l’infiniment petit, Nassim Haramein décrit une structure de la réalité dont l’élégance rejoint certaines indications données par
d’anciennes civilisations et dont les équations ont permis de faire des prédictions confirmées par le prestigieux Paul Scherrer Institute en Suisse. Et bien sûr, cette « Haramein-Rauscher Metric
», ainsi que la description de la masse holographique et de la gravite quantique telles qu’exposées dans les dernières publications d’Haramein, ne sont pas sans conséquences. Elle nous
permettrait d’aller vers la maitrise de la force gravitationnelle et de radicalement révolutionner nos technologies. Surtout, elle placerait la conscience comme condition implicite de l’univers
interconnecté qu’elle décrit. C’est sur l’application de ce vertige scientifique et philosophique que le chercheur passionné continue de travailler, à la Resonance Science Fondation qu’il a créée à
Hawaï.
Pouvez-vous nous résumer ce que dit votre théorie ?
Elle dit tout d’abord que l’espace n’est pas vide, qu’il a une structure électromagnétique à l’échelle de Planck, à la plus petite échelle qui soit. Pour le dire autrement, l’espace est pixelisé ou
plutôt « voxelisé », puisqu’il ne s’agit pas d’une surface en deux dimensions mais d’un volume. Et ce que j’ai découvert c’est que quand ces petits voxels s’organisent, ils se mettent à
tourner - en physique on dit qu’ils ont un « spin » - et à former des vortex. C’est un peu comme dans les océans, l’eau forme plein de petits vortex. Donc j’ai découvert que quand les voxels
sont organisés, dû à leur spin dans une région d’espace-temps, et qu’il y a un échange entre l’intérieur et l’extérieur du système spécifique qu’ils ont formé, ça devient quelque chose comme une
particule élémentaire - un proton, un électron etc. Et j’ai vu que ces structures se comportent comme des trous noirs. Ça veut dire qu’un proton, par exemple, apparait quand les petits voxels de la
structure de l’espace-temps se mettent à tourner en vortex, tout en étant intriqués au reste de l’univers. Au final, c’est précisément cet échange d’information entre l’intérieur et l’extérieur de
cette structure et le champ électromagnétique de l’univers qui forme la masse du proton, ce qu’on appelle la matière.
La matière n’existerait pas comme une chose, sa masse serait un processus dynamique qui naitrait de l’information échangée entre la structure en vortex et le reste du champ ?
Oui, c’est l’échange d’information qui créé la masse de la matière. Et l’idée que le champ électromagnétique de l’univers se comporte comme un fluide est une analogie déjà présente dans les théories
standards. Donc imaginons une baignoire remplie d’eau, quand nous tirons le bouchon, l’eau forme un tourbillon. Et s’il y a un objet, comme un canard en caoutchouc qui flotte à proximité, il se met à
orbiter comme s’il y avait un champ gravitationnel. C’est là que ça devient intéressant. Car Einstein a décrit la force gravitationnelle comme une courbure de l’espace-temps. C’est comme s’il avait
décrit la surface de l’eau qui descend vers le siphon avec le canard dessus. Cependant, il n’a pas dit de quoi était fait l’espace-temps. Moi je ne regarde pas que la surface, je vois que ce qui créé
la courbure de la surface, c’est en fait un vortex dans l’épaisseur de l’espace-temps. Donc ce sont les voxels de l’espace-temps, qui en tournant dans une région, créent la masse et la gravité que
nous observons. Et comme certaines hypothèses dans la physique quantique disent que chaque pixel/voxel est équivalant à un bit d’information, j’ai pu calculer l’information à l’intérieur du volume du
proton. Ce que j’ai trouvé, qui est incroyable, c’est que l’information contenue dans le volume d’un proton, équivaut à la masse de l’univers - à la masse de tous les autres protons dans
l’univers.
Comment la somme d’information d’un proton peut-elle être équivalente à la masse de l’univers ?
C’est holographique. On peut, par exemple, mettre l’information d’un orchestre symphonique de 500 musiciens sur un tout petit espace de disque, où les bits d’information sont imprimés sur une
structure magnétique. Donc l’orchestre n’est pas sur le disque, mais toute l’information musicale qu’il a créée y est. C’est un peu pareil avec le proton, l’information de l’univers y est imprimée.
La différence c’est que là, le disque est constamment en interaction avec le champ et que la symphonie s’écrit continuellement, à chaque seconde de Planck. C’est une structure holographique dynamique
que j’appelle la « masse holographique ». Cela permet du coup, en faisant des calculs au niveau d’un proton, d’avoir des informations sur l’univers. Et j’ai notamment fait une prédiction dans ma
publication « Quantum Gravity and the holographic mass » sur la taille du proton, qui contredisait les mesures faites jusqu’alors, mais qui a été confirmée en 2013 par une équipe de l’Institut Paul
Sherrer. Donc tout cela dit que la matière c’est un échange dynamique d’information, que chaque proton est intriqué avec tous les autres protons dans l’univers, et donc que nous vivons dans un
univers connecté.
Qu’en est-il du champ unifié, de votre réunification entre la théorie de la relativité et de la mécanique quantique
?
Le calcul qui me donne la masse du proton, peut être appliqué pour calculer la masse d’un trou noir au niveau cosmologique. C’est donc une équation qui est équivalente aux équations du champ
gravitationnel d’Einstein qui elles aussi, nous donnent la masse des trous noirs dans l’espace. Sauf que je trouve le même résultat avec… une théorie quantique, et que quand j’applique cette théorie
aux objets quantiques, je trouve une solution… gravitationnelle. Donc je relis les théories de la gravité à la théorie quantique, en modifiant les deux. Car au passage, j’élimine notamment la force
forte dont nous n’avons plus besoin puisqu’elle s’explique par la gravitation. Et de plus en plus de physiciens arrivent aux conclusions qu’effectivement les structures subatomiques agissent comme
des trous noirs et exercent une force de gravité. C’est donc une troisième théorie qui amène à décrire les mécaniques de la masse et de la gravité, aux niveaux cosmologique et quantique, et qui dit
que tout cela c’est le résultat de l’information qui s’échange dans un univers intriqué. Et il faut vraiment souligner cet aspect fondamental, car cet échange d’information, qui n’est pas aléatoire,
c’est de la conscience.
Vous rejoignez donc Einstein lorsqu’il dit que l’univers ne joue pas aux dés ?
Tout à fait. Je le rejoins déjà parce qu’Einstein avait géométrisé la structure de l’espace au niveau cosmologique et annoncé qu’un jour, nous trouverions cette géométrie au niveau quantique avec une
solution algébrique. Bien que cette piste ait été abandonnée par les physiciens, je montre que cette géométrie existe bien à l’échelle de Planck. Et oui, je pense que Dieu ne joue pas aux dés avec
l’univers. L’information n’est pas aléatoire, elle est connectée. Nous avons rassemblé tellement d’arguments et notamment fait des calculs de probabilités qui montrent que l’univers ne peut être
aléatoire. L’univers sait ce qu’il fait parce qu’il échange de l’information. Car au final, c’est quoi la conscience ? C’est un processus de connaissance de soi, une capacité de faire un retour sur
soi-même. C’est donc un processus de boucle rétroactive de l’information. Et mes découvertes montrent que la matière nait fondamentalement de ce mouvement rétroactif de l’information. A partir de là,
l’univers interconnecté et conscient, fabrique de la complexité et finalement l’humanité. Donc la conscience n’est pas quelque chose qui émerge, ce n’est pas un épiphénomène du cerveau. C’est quelque
chose qui est présent à tous les niveaux de la réalité et qui fait que la réalité devient de plus en plus complexe.
En plus des conséquences philosophiques, assez vertigineuses, de votre travail, il y a aussi des conséquences technologiques.
C’est très prometteur. Nous savons qu’il y a beaucoup d’énergie présente dans l’atome, que nous avons appris à casser pour faire de la radioactivité. Mais là, nous découvrons que nous pouvons créer
un champ de résonnance avec l’énergie du vide pour pouvoir accéder à ce réservoir incommensurable. Si nous comprenons que la courbure de l’espace-temps décrite par Einstein c’est un effet secondaire
de la rotation en vortex de la structure de l’espace-temps, nous pouvons créer un couplage avec cet espace-temps et apprendre à contrôler les champs gravitationnels. C’est ce que j’ai commencé à
faire dans mon laboratoire. A partir de là, nous pouvons faire des vaisseaux qui lévitent parce qu’ils créent un champ opposé et qui peuvent voyager dans l’espace à de très grandes vitesses. Ce n’est
pas si fou que ça que de penser que nous allons voyager loin dans l’espace. Imaginez montrer votre téléphone portable à quelqu’un du XVIIIe siècle, en appelant une personne à Pékin et en le voyant
parler sur votre écran. Que sera devenu votre téléphone dans quelques milliers d’années ? Nous pourrions même un jour changer de planète.